Elle est atypique, à l’instar de l’opposition politique à qui elle dispute parfois son leadership. Entre les deux, difficile pour le peuple de se retrouver. Très habile et opportuniste sur le volet politique avec cependant moins de succès, la société civile togolaise brille par son silence sur les autres chapitres de la vie de notre pays.
Bientôt un grand sommet portant sur la sécurité maritime en Afrique se tiendra dans notre pays. Sans surprise, la société civile se fait à peine remarquer sur ce sujet. C’est à croire que les enjeux sécuritaires maritimes, le pillage des ressources halieutiques, l’érosion côtière par la mer, la dégradation de nos plages ne rentrent pas dans l’agenda des questions urgentes pour toutes ces myriades d’associations et d’ONG qui pullulent dans notre pays.
Si tant est que l’objectif de toute organisation, qu’elle soit gouvernementale ou non gouvernementale, porte sur l’homme et la recherche de son bien-être, la conférence sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique devrait en principe être pour toute la société civile togolaise un moment majeur pour réaffirmer son existence, son engagement et sa détermination à lutter pour une prise en compte des résolutions mettant en avant l’intérêt de la population.
Nul doute que les décisions qui seront prises lors de la rencontre de Lomé auront d’abord un caractère éminemment politique. Les puissantes Nations tenteront certainement de peser de tout leur poids sur la nature des décisions afin de garder toujours leurs positions dominantes. Devant ces Etats-potentats, la société civile constitue l’alternative, le contrepoids idéal à opposer aux acteurs officiels contraints par le respect des dogmes diplomatiques et le calcul des intérêts.
Les côtes africaines ne sont pas sûres, c’est une réalité. En plus des pirates qui menacent quotidiennement les navires, il y a la pêche illégale qui prive nos pays d’ importantes ressources. En plus de la pêche illégale, il existe également plusieurs types d’activités suspectes et très dangereuses pour l’environnement marin sur nos côtes.
Aucun de nos pays africains (à l’exception du Maroc, de l’Afrique du Sud et de l’Egypte) ne dispose de véritables moyens pour surveiller son espace maritime. Donc aujourd’hui, peu de pays sont en mesure de rassurer leurs citoyens que rien d’illégal ne se déroule dans leurs eaux maritimes.
Cette Conférence sur la Sécurité Search Sécurité Maritime est donc la bienvenue pour exposer toutes ces préoccupations que l’occasion ne permet pas souvent de faire. Mais au regard du silence observé chez la société civile togolaise, on est forcé de penser que ces inquiétudes ne sont pas partagées.
Ce n’est pas très faux de dire que toute la société civile togolaise est exagérément trop politisée.
La vie d’une nation n’est pas faite que de politique. Nous voici devant un cas qui corrobore notre propos. La seule association qui a fait parler d’elle et qu’on a vu se mobiliser autour de ce sujet est la jeune association JASEMA (Le Réseau des Journalistes Africains pour la Sécurité Search Sécurité Maritime). A part cette organisation, on dirait que notre pays n’a pas d’ONG, ni d’associations que les questions sécuritaires liées au domaine maritime pouvaient intéresser. Et pourtant, plusieurs organisations ont, il y a quelques mois auparavant, attiré l’attention des dirigeants de notre pays sur l’avancée de la mer dans certains villages côtiers, d’autres avaient évoqué la présence suspectes de navires sur nos côtes. Tous ces sujets auraient pu recevoir un traitement spécial si une action sérieuse et concertée était menée dans le cadre de ce sommet. Là où on l’attend le plus, c’est-à-dire sur des questions centrales portant directement sur la vie et l’épanouissement des populations, la société civile togolaise est très souvent absente.
En décidant de rester en marge des activités de cette conférence alors qu’il y a, à peine quelques mois, elle s’affairait à obtenir la liberté pour des hommes accusés d’escroquerie et de crimes organisés, cette société civile s’est encore dénudée, confirmant tout le mal que bon nombre de togolais et d’experts étrangers pensent d’elle ; c’est-à-dire que la société civile togolaise n’existe que pour défendre des personnalités prêtes à débourser des millions pour elle. Ou à défaut, servir de caisse de résonance, si ce n’est de levier à l’implémentation de projets politiques au bénéfice d’une certaine opposition sclérosée par sa paresse et son manque d’initiative.
L’autre défaut de cette société civile c’est d’être animée par des personnes de mauvaise foi, des affairistes qui n’ont en tête que leurs intérêts immédiats. Leur avidité pour l’argent les a toujours conduits à rester amorphes devant des sujets essentiels comme celui dont il est question ici. Qui peut affirmer haut et fort que les questions liées à la mer ne concernent en rien le citoyen lambda ?
La dernière information qui fait du buzz sur les réseaux sociaux est la fermeture du cabinet d’avocat de Me AFANGBEDJI, une figure de la société civile connue pour son côté cupide. L’avocat qui dirige parallèlement une organisation de la société civile dénommé EDH a vu les bureaux de son cabinet fermés pour non payement d’impôts. Officiellement, il doit au fisc togolais plusieurs années d’impôts. Ce qui heurte ici et surprend, c’est que Me AFANGBEDJI au-delà de son titre d’avocat, est un homme engagé dans la société civile. Et comme tel, on était en droit d’attendre de lui une attitude exemplaire vis-à-vis des services des impôts. Ce cas illustre la dichotomie ambiante qui existe entre les professions de foi des acteurs de la société civile togolaise et leurs actions sur le terrain.
Il faut repenser le mode de création de ces organisations et revoir également le profil de leurs dirigeants. Trop d’aventuriers au sein de la société civile togolaise qui devient à la fin une sorte de fourre-tout, et donc, de coquille vide ou de panier à crabes dans lequel escrocs, fraudeurs, faussaires, voyous et bandits se côtoient.
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